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Affichage des articles dont le libellé est Automobile et héraldique. Afficher tous les articles
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Automobile et héraldique - Koenigsegg

La marque suédoise Koenigsegg est un constructeur suédois produisant de manière semi-artisanale des automobiles sportives à haute performance.

Koenigsegg

C'est en 1994, que Christian von Koenigsegg, un designer automobile suédois, d'une famille d'origine allemande, crée la société Koenigsegg Automotive AB, dont il est toujours le principal actionnaire.
Le logo choisi pour la compagnie est en forme d'écusson. Il arbore un fuselé couché jaune et rouge, entouré d'une ceinture bleue chargée en chef d'un petit monogramme.
Nul ne sera surpris, que c'est dans les origines aristocratiques de la famille du fondateur de la société que nous allons trouver celles du logo. En effet, la famille allemande von Koenigsegg (von Koenigseck) voit ses origines dans le château, situé aujourd'hui en Bade-Wurtemberg, siège de la seigneurie éponyme de Koenigsegg. Elle fait remonter ses racines jusqu'au XIIe siècle et porte depuis toujours pour armoiries : fuselé en barre de gueules et d'or.

Koenigsegg

Du coup, le logo de la marque reprend le fuselé familial simplement couché à l'horizontal.
A cet égard, il est amusant de constater, comme nous l'avons déjà vu, que Koenigsegg est après BMW, le second constructeur automobile européen à adapter dans son logo un fuselé oblique. Comme quoi, les qualités graphiques de l'héraldique sont aussi intemporelles.

Automobile et héraldique - Vauxhall

Passons en Grande-Bretagne, pour retrouver un autre griffon, dans le logo de Vauxhall, qui de nos jours est, grosso modo, la marque sous laquelle travaille Opel dans les îles britanniques .
En 1857, Alexander Wilson fonde à Londres, la Alex Wilson and Company, une société spécialisée dans la construction de pompes et moteurs pour la marine, qui quelques années plus tard changera de nom pour devenir la Vauxhall Ironworks. En 1903, elle construit sa première automobile, pour bientôt devenir constructeur à part entière, puis en 1925, Vauxhall est rachetée par l’américain General Motors, auquel elle appartient encore de nos jours.
Depuis plus de 80 ans, le logo de Vauxhall, arbore un demi-griffon, la tête contournée, tenant une bannière entre ses griffes, et, si avec le temps, le dessin s’est progressivement stylisé, l’animal est resté.
Vauxhall

Ici, comme nous allons le voir, ce griffon, sans rapport avec celui de SAAB, puise de nouveau ses sources héraldiques dans la localisation originelle de la société.
En effet, si de nos jours le siège principal de Vauxhall se trouve à Luton, une ville située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale britannique, lorsque la société était encore à Londres, elle était située sur la Dusian road, dans le quartier de Vauxhall, auquel elle a emprunté sa raison sociale, et c’est justement dans le nom de ce quartier londonien que se trouve la réponse de notre petite énigme.

Depuis le XIe siècle, cette zone de ce qui est alors la campagne de Londres, est occupée par le vaste domaine et manoir de South Lambeth, propriété de la famille de Redvers. En 1216, Falkes (Foulques) de Breauté, un chevalier normand occupant d’importantes fonctions à la cour du Roi d’Angleterre, épouse Margaret (Marguerite), veuve de Baldwin (Baudouin) de Redvers et s’installe à South Lambeth. Sous l’influence de son célèbre occupant, le domaine prend alors le nom, ou plutôt le surnom, de "Falkes’ Hall" (Domaine de Foulques). Avec le temps, le nom évoluera en Fauxhall, puis Vauxhall, et restera associé à l’endroit, devenu par l’expansion urbaine, quartier à part entière de Londres. Vous l’aurez deviné, c’est évidemment du côté des armoiries de Falkes de Bréauté, qu’il faut maintenant se tourner. En l’occurrence, elles avaient pour blasonnement : de gueules, à la quintefeuille d’argent… Catastrophe, il n’y a point de griffon dans ce blasonnement, tout serait-il perdu… même l’honneur ? Rassurons-nous, s’il n’y a pas de griffon sur l’écusson même, il y en a un au-dessus, le cimier de Falkes, et accessoirement son badge , font en effet appel à l’animal. Il y est représenté issant, la tête contournée et tenant entre ses griffes une bannière, exactement comme dans le logo de notre constructeur… l’énigme est résolue… et l’honneur est sauf.

 Bréauté

Automobile et héraldique - SAAB

Aujourd'hui, cap au nord de l'Europe pour retrouver en Suède, la marque SAAB. Tel qu’il apparaît aujourd’hui, le logo de cette marque aux voitures souvent originales et atypiques, comporte une tête de griffon de gueules couronnée d’or, quelques explications sont nécessaires pour en comprendre l’origine héraldique.
SAAB


En 1937, sous l’impulsion du gouvernement suédois, est créée la société Svenska Aeroplan Aktiebolaget, dont l’acronyme donne SAAB. Cette compagnie n’intervient pas alors dans le domaine automobile, mais dans celui de l’aéronautique. Pour diversifier son activité, en 1949, SAAB sort sa première automobile, dont le profil est directement inspiré de celui d’une aile d’avion, influence aéronautique oblige. A l’époque son logo est simplement formé avec les lettres de l’acronyme, sans que la tête de griffon n’y apparaisse. En effet, celle-ci provient d’une autre société automobile suédoise, la Scania, fondée à Malmö en 1900 sous la raison sociale Maskinfabriks-aktiebolaget Scania. C’est de cette société, qui avait fusionné en 1911 avec un autre constructeur automobile suédois, Vabis, fondé en 1891, pour former la Scania-Vabis, que provient le logo à la tête de griffon, et c’est lui que SAAB repris à son compte lorsqu’il absorba en 1969 Scania-Vabis pour former avec ses propres activités automobiles, SAAB-Scania .

Maintenant, me direz-vous, qu’elle est l’origine de cette tête de griffon ? En fait, tout vient du nom et de la localisation industrielle de Scania, sur la ville de Malmö, et pour le découvrir retournons au XVe siècle. Le Duc Eric de Poméranie (1382-1459) est alors Roi de Suède, de Danemark et de Norvège, ses armes familiales ont pour blasonnement : d’argent, au griffon de gueules, armé, becqué, langué et couronné d’or.

Poméranie

En signe d’hommage, en 1437, il accorde à la ville de Malmö, principale ville de Scanie, des armoiries directement inspirées de ses propres armes, reprenant tout simplement la tête du griffon familial et donnant en conséquence pour blasonnement : d’argent, à la tête de griffon de gueules, becqué, langué et couronné d’or.

Malmö


En 1660, à la mort du Roi Charles X Gustave de Suède, toutes les provinces du royaume envoient une délégation solennelle pour les funérailles, hors il est nécessaire pour l’ordonnancement du cortège que chacune soit précédée de ses armoiries. A cette époque, la Scanie n’ayant pas encore d’armoiries propres, on décide de lui en attribuer en hâte, et pour ce faire, il est simplement décidé d’utiliser des armes directement dérivées de celles de Malmö, ville principale de la province, en modifiant juste les couleurs. Du coup, la Scanie reprenait la tête de griffon, sur fond or cette fois, avec par voie de conséquence, modification de la couleur des attributs secondaires (pour que la couronne et autres attributs ne soient pas du même métal que le champ), donnant pour blasonnement : d’or, à la tête de griffon de gueules, becqué, langué et couronné d’azur.

Scanie


Le constructeur automobile Scania s’étant créé à Malmö, la présence de la tête de griffon dans son logo devient ainsi aisément compréhensible, par la double motivation du nom et de la localisation de cette société.

Automobile et héraldique - Porsche

Avec Porsche il va de nouveau être question du Wurtemberg et de ses souverains. Pour ce faire, nous passons de l’autre côté du Rhin, à Stuttgart, actuelle capitale du Land de Bade-Wurtemberg et ancienne capitale du Duché puis Royaume de Wurtemberg.
Porsche

En 1931, Ferdinand Porsche, un ingénieur autrichien qui jusqu’ici travaillait pour Daimler puis Steyr, fonde à Stuttgart sa propre société d’ingénierie mécanique et automobile la Dr. Ing. h.c. F. Porsche GmbH, Konstruktionen und Beratungen für Motoren und Fahrzeugbau, plus connue sous le seul nom de « Porsche ». Cette société mettra au point notamment la fameuse « Coccinelle » pour le compte de la société qui va devenir Volkswagen, et pendant la guerre créera ou modifiera plusieurs chars, dont le fameux Jagdpanzer Elefant, surnommé « Ferdinand » en hommage à son créateur. Enfin, en 1947, Ferry, le fils de Ferdinand, transforme le bureau d’étude en un constructeur automobile à part entière, dont la renommée n’est plus à faire de nos jours.

Les origines héraldiques du logo de la marque sautent assez facilement aux yeux, ne serait-ce qu’en raison de la forme en écusson de celui-ci, pour autant, quelques explications s’imposent.
Ce logo se présente sous la forme d’un écartelé, où les quartiers 1 et 4 d’une part et 2 et 3 d’autre part dupliquent des dessins identiques, complétés en sur-le-tout par un écusson chargé d’un cheval. Détaillons cela étape par étape.
Les quartiers 1 et 4, sont la reprise à l’identique des armes de la famille ducale et royale de Wurtemberg, dont le blasonnement est : d’or, à trois demi-ramures de cerf de sable.

Wurtemberg (famille)
 
Les quartiers 2 et 3, sont la reprise doublée des couleurs du drapeau royal wurtembergeois, formé de deux bandes horizontales, l’une noire, l’autre rouge foncé. Pour la forme, il faut savoir que lorsque Ferdinand Porsche adopte ces deux dessins, et bien que la famille royale ne règne alors plus depuis 1918, il leur demande tout de même, comme marque de respect, l’autorisation de cet usage commercial de leurs armoiries.

Wurtemberg (drapeau)

Enfin, l’écusson en sur-le-tout est la simple reprise des armes de la ville de Stuttgart, où sont situés les ateliers de la société, et dont le blasonnement est : d’or, au cheval cabré de sable.
Comme nous l’avons vu précédemment avec Ferrari, il est amusant de constater que deux des plus fameuses marques d’automobiles sportives du monde, font simultanément appel, pour des raisons héraldiques différentes, à un cheval cabré noir sur fond jaune.

Stuttgart

Automobile et héraldique - Peugeot

Repassons les Alpes, vers l’ouest cette fois, pour revenir en France, à Sochaux-Montbéliard très exactement, pour retrouver les automobiles Peugeot et leur célèbre lion.
Si la saga industrielle de la famille Peugeot remonte aux tous débuts du XIXe siècle, avec différentes activités dans la fonderie et la mécanique, parmi lesquelles les fameux moulins à café, c’est en 1896 que la Société des Automobiles Peugeot est fondée par Armand Peugeot et dès cette époque un lion est utilisé comme emblème de la marque. Bien sur avec le temps son dessin a évolué, s’est épuré et stylisé, mais il n’empêche que le fauve est toujours demeuré.
Peugeot

Dans le cas de Peugeot, les origines héraldiques de son logo sont souvent connues, mais quelques détails complémentaires sont sans doute les biens venus.
Tout d’abord, rappelons que ce lion est une reprise de celui figurant dans les armes de la province de Franche-Comté, région d’implantation historique de la marque, dont le blasonnement est : d’azur, semé de billettes d’or, au lion du même, armé, et lampassé de gueules, brochant sur-le-tout.

Franche-Comté

Ces armoiries sont celles des anciens Comtes Palatins de Bourgogne depuis Othon IV, Comte de Bourgogne vers 1279 . Jusqu’alors situé dans la mouvance de l’Empire, ce territoire intègre le Royaume de France en 1678 par le traité de Nimègue et la nouvelle province de Franche-Comté conserve par la suite les anciennes armoiries comtales. Toutefois Peugeot se situant dans le pays de Montbéliard il est bon de rappeler, que ce territoire demeura possession des Ducs de Wurtemberg jusqu’à la Révolution, et que son rattachement "spontané" à la France ne fut obtenu que par la famine et la misère que la République organisa sur Montbéliard et sa région, par un blocus puis une occupation militaire… mais ceci est une autre histoire, qui va toutefois, par les hasards de l’ordre alphabétique, trouver un écho avec notre prochain constructeur automobile.

Automobile et héraldique - Ferrari

Passons les Alpes pour arriver en Italie, à Maranello, en Emilie-Romagne à côté de Modène, pour retrouver l’un des fleurons de l’automobile mondiale, à savoir Ferrari.
Bien que son dessin soit mondialement célèbre, les origines du "Cavallino Rampante" de Ferrari sont rarement connues du public, y compris même des plus passionnés de la marque italienne. Bien entendu, puisque nous en parlons ici, c’est vers l’héraldique qu’il va falloir nous tourner pour trouver les origines de ce cheval cabré, mais comme nous allons le découvrir, si l’origine est avérée et certaine, pour les détails de la genèse, l’histoire va probablement côtoyer la légende.

Ferrari

Pour comprendre ce cheminement, nous devons raconter, succinctement rassurez-vous, l’histoire de deux hommes. L’un est bien évidemment Enzo Ferrari, fondateur charismatique de la célèbre marque automobile, l’autre, sans doute moins connu aujourd’hui, mais qui en Italie a été une véritable légende, est Francesco Baracca.
Commençons par ce dernier. Pour dire les choses simplement, Francesco Baracca était le Guynemer ou le von Richthofen italien. Premier, par le nombre de victoires, des "As" italiens de la Grande Guerre, il fut l’objet en Italie d’un véritable culte, et lorsqu’en 1918, à la bataille de Piave, son avion est abattu par l’armée austro-hongroise, sa mort provoque dans la péninsule la même émotion que celle qui traversa la France à la mort de Guynemer ou l’Allemagne à la mort du "Baron Rouge" von Richthofen.
Baracca avait peint sur son avion, un cheval cabré rouge comme emblème personnel. Celui-ci était directement tiré des armes de sa famille, dont le blasonnement était : d’argent, au cheval cabré de gueules, surmonté d’une étoile du même ; au chef d’or, chargé d’une aigle de l’Empire de sable .

Baracca (famille)


Après sa mort, l’emblème est repris par son escadrille, en noir cette fois, comme signe de deuil, et c’est ce même cheval noir qui figurera dans les armes accordées, en 1927, à son fils, en même temps que le titre de Comte, avec pour blasonnement : d’argent, au cheval cabré de sable, au chef d’azur, chargé de trois étoiles (6) d’or.

 Baracca (Comte)

Dans les années 20’, Enzo Ferrari est un pilote automobile célèbre. Son palmarès n’atteint pas celui de la star italienne de l’époque, Antonio Ascari, mais il figure tout de même parmi les meilleurs du plateau. En 1923, il accole sur la carrosserie de sa voiture le cheval cabré noir de Baracca*, selon la légende, après que la mère de ce dernier, la Comtesse Biancoli, lui ait accordé ce privilège**. Ferrari plaça par la suite le cheval sur un fond jaune en hommage aux armes de Modène, sa ville d’origine, dont le blasonnement est : d’or, à la croix d’azur. Puis, lorsque le pilote devient dans les années 30’ avec sa Scuderia Ferrari, directeur sportif et préparateur de voitures de courses pour Alfa Romeo, il reprend pour l’écurie qui porte son nom cet insigne (surmonté du tricolore italien), insigne qu’il conservera lorsqu’en 1947, il devient constructeur automobile à part entière.

Modène


Automobile et héraldique - Cadillac

Pour poursuivre notre voyage automobile au sein de l’héraldique, restons en Amérique, et même, à plus d’un titre, à Détroit, avec Cadillac.
Cette marque, symbole encore aujourd’hui du luxe automobile américain, est fondée à Détroit, en 1907, par Henry M. Leland, avant de rejoindre Buick au sein de la General Motors dès 1909.
Dans sa forme actuelle, à la suite d’une série d’évolutions que nous verrons ensuite, le logo de Cadillac se présente sous la forme d’un écusson placé au centre d’une couronne de lauriers. Cet écusson peut se décrire de manière héraldique par le blasonnement suivant : écartelé : 1 et 4, d’or, à la fasce de sable ; 2 et 3 contre-écartelé : a et d, de gueules plain ; b et c, d’argent, à la fasce d’azur.

Cadillac

Disons-le tout de suite, cet écusson est sous une forme simplifiée la reprise directe des armes d’Antoine de La Mothe, Seigneur de Cadillac (1658-1730), duquel il nous faut dire quelques mots.
Tout d’abord la raison pour laquelle la marque Cadillac a utilisé son nom et donc par voie de conséquence ses armoiries s’explique par la localisation de la compagnie à Détroit. En effet, Antoine de La Mothe est le fondateur en 1701 du Fort Pontchartrain, établissement français d’Amérique qui formera le berceau de la future ville de Détroit. Le blasonnement de ses armoiries personnelles était : Ecartelé : 1 et 4, d’or, à la fasce de sable, accompagnée de trois merlettes du même ; 2 et 3, contre-écartelé : a et d, de gueules plain ; b et c, d’argent, à trois fasces d’azur.

La Mothe de Cadillac


A l’origine et jusqu’en 1970, la marque Cadillac utilisait les armoiries originales sans autre modification qu’une représentation assez courante, mais pas systématique, des merlettes en blanc. Puis, en 1970, une première étape de simplification consista à réduire à une seule fasce d’azur la charge des quartiers b et c des grands quartiers 2 et 3, pour renoncer en 2002 également à la représentation des merlettes, donnant ainsi sa forme actuelle au logo.
Les armoiries originales d’Antoine de La Mothe appellent quelques explications, car la personne d’Antoine de La Mothe elle-même appelle des explications. Tout d’abord, cet aventurier français ne s’appelait en réalité pas La Mothe et n’a jamais été Seigneur de Cadillac. En effet, fils d’un avocat au Parlement de Toulouse, il est né Antoine Laumet. Après une jeunesse passée en France comme cadet puis jeune officier dans différents régiments, avant de partir plus ou moins clandestinement et pour des raisons à ce jour inconnues, sans doute judiciaires, pour les Amériques en 1683. Arrivé en Nouvelle-France il change de nom et adopte celui d’Antoine de La Mothe, qu’il accompagne des titres d’Ecuyer et de Seigneur de Cadillac. Nous ne nous étendrons pas plus avant sur la vie de cet homme, qui sera tout de même en 1710, Gouverneur particulier de Louisiane, pour en revenir à notre sujet héraldique initial. En changeant de nom, il adopte également les armoiries que nous venons de voir et sur lesquelles nous pouvons apporter quelques commentaires. Les quartiers 1 et 4 de celles-ci, ceux aux merlettes, semblent être une interprétation personnelle, en forme de brisure par changement de couleurs, des armes de la fameuse famille d’Esparbes (Esparbès)-Lussan, qui entre autres titres possédait celui de Seigneur de La Mothe (titre situé au manoir de La Mothe-Bardigues, à côté de Toulouse), et dont le blasonnement était : d’argent, à la fasce de gueules, accompagnée de trois merlettes de sable.

Esparbes-Lussan


Pour les quartiers 2 et 3, l’origine ou plutôt l’inspiration d’Antoine Laumet n’est pas connue, peut-être s’agit-il même d’une simple création ex-nihilo, mais force est de constater la forte similarité avec les armes de Montberon, un célèbre Lieutenant-Général de l’époque, dont le blasonnement était : écartelé : 1 et 4, burelé (8) d’argent et d’azur ; 2 et 3, de gueules plain.

Montberon

On pourrait aussi imaginer que l’influence se situe dans les armes d’Albret, qui étaient de gueules plain et dans les armes de Clérembault qui présentaient un burelé (10) d’argent de sable, sachant que le jeune Antoine aurait été justement, si cette partie de sa biographie est réelle, officier aux régiments d’Albret puis de Clérembault… mais ceci n’est que pure conjecture, et l’influence réelle, si elle a effectivement existé, restera sans doute à jamais un mystère.

Clérembault


 Albret

Automobile et héraldique - Buick

Passons maintenant de l’autre côté de l’Atlantique, pour arriver à Détroit, capitale américaine de l’automobile. En 1903, David Dunbar Buick, un écossais naturalisé américain par l’immigration de ses parents alors qu’il n’était encore qu’un enfant, fonde, après avoir fait fortune dans le matériel de plomberie, une compagnie automobile qui porte son nom, la Buick Motor Company.

Buick

Etant donné le caractère éponyme de la compagnie, on ne s’étonnera pas d’apprendre que le logo originel de la marque était tout simplement la reprise des armes familiales de son fondateur. Leur blasonnement est : de gueules, à la bande échiquetée d’argent et d’azur, accompagnée en chef d’une tête de cerf d’or et en pointe d’une croisette percée du même.

Buick (famille)

Avec le temps, ce logo va progressivement évoluer. En 1942, l’échiqueté est transformé en un fuselé de manière à ce que la trame du quadrillage soit située à la verticale, et en 1950, la tête de cerf et la croix, qui au passage perd sa perforation, deviennent couleur argent, permettant ainsi leur représentation dans le même métal chromé que les ornements des automobiles de l’époque.
En 1959, une étape majeure est franchie dans le dessin du logo. En effet, à la fois pour symboliser les trois grandes lignes de voitures que fabrique alors Buick (LeSabre, Invicta et Electra) et pour apporter une dimension plus patriotique à son logo, l’écusson unique se retrouve décliné en trois écussons, placés côte à côte, au dessin identique à celui de 1950, mais utilisant chacun en couleur de champ l’une des trois couleurs du drapeau américain : le fameux trishield Buick était né. Il restera sous cette forme jusqu’en 1990, date à laquelle une dernière simplification de son dessin est opérée en supprimant la tête de cerf, la croix et même l’échiqueté (fuselé), pour ne conserver que les trois écussons chargés chacun d’une bande uniforme. C’est toujours sous cette forme, maintenant très simplifiée, que les vielles armes de la famille Buick apparaissent de nos jours sur les calandres de la marque.

Automobile et héraldique - BMW

Passons maintenant à travers la Suisse et retrouvons-nous au nord des Alpes, à Munich, capitale de la Bavière, pour découvrir BMW. En 1917, deux entreprises munichoises de mécanique, spécialisées dans les moteurs d’avions, la Bayerische Flugzeugwerke et Otto-Werke fusionnent pour former la Bayerische Motoren Werke (BMW). Cette opération se déroulant en pleine Première Guerre Mondiale et son activité étant alors en lien direct avec l’effort de guerre allemand, le sentiment patriotique qui entoure cette fusion est très fort. Toutefois, contrairement à ce que l’on pourrait croire d’un point de vue français, le sentiment patriotique des fondateurs est d’abord bavarois bien avant d’être allemand, comme le confirme le nom même de la compagnie, la "Fabrique bavaroise de moteurs" et cela va se retrouver dans son logo bien connu, qui, rappelons le, est pour sa partie graphique formée d’un disque écartelé  bleu et blanc.
BMW

A l’origine, il était souhaité de simplement reprendre la cocarde telle que portée à l’époque sur les casques et casquettes des soldats bavarois, à savoir trois disques concentriques superposés blanc, bleu clair et blanc. Ce choix trop militariste ayant étant écarté, c’est vers les armes royales bavaroises que l’on s’est ensuite rabattu.
Vers 1100, le Comte Othon II de Scheyern, sorti d’une branche cadette de la maison de Babenberg, alors souveraine en Autriche, acquiert le château de Wittelsbach en Souabe et prend bientôt le titre de Comte Palatin Othon Ier de Wittelsbach. En 1180, son petit-fils Othon III de Wittelsbach, par suite de la défaite et de la disgrâce du Guelfe Henri le Lion, reçoit de l’Empereur Frédéric Ier Barberousse, le Duché de Bavière, installant ainsi sa famille sur un trône qu’elle conservera jusqu’en 1918.
Pour revenir à l’héraldique, les armes familiales des Comtes de Scheyern, puis Comtes Palatins de Wittelsbach, puis Ducs, puis Rois de Bavière ont pour blasonnement : fuselé en bande d’argent et d’azur.

Bavière

Sachant cela, il ne suffit que de quelques secondes à peine pour visualiser, via un simple agrandissement certes redressé à angle droit, les armoiries de la maison de Wittelsbach dans le logo de BMW ; pourtant deux points, le premier historique, le second purement marketing et exprimé a posteriori, viennent nuancer ou plutôt compléter ce constat.
Le premier, et donc le plus important pour l’aspect historique et héraldique qui nous intéresse ici, concerne la position des couleurs. Le lecteur attentif aura en effet remarqué que le blasonnement des armes des Wittelsbach place l’argent avant l’azur, tandis que le logo de BMW accorde au bleu la première position. En effet, en 1917, la famille royale bavaroise, qui avait toujours souhaité se mettre en retrait du militarisme du Roi de Prusse et Empereur d’Allemagne n’accepte pas de voir ses armoiries aussi directement impliquées dans le logo commercial de ce qu’il faut bien appeler une usine d’armement  ; aussi pour respecter ce souhait, sans pour autant renoncer à cette symbolique, les couleurs du logo furent elles inversées.

 Cocarde militaire bavaroise

Le second point, qui comme indiqué est purement marketing et surtout n’a été mis en avant que très postérieurement à la création du logo lui-même, relie ce dernier à l’activité d’alors de la société, en présentant son dessin comme celui qu’offrirait une hélice d’avion ayant pour fond les couleurs bavaroises. Souvent mis en avant de nos jours, il ne faut pas perdre de vue le caractère assez artificiel de cet argument, qui rappelons le une dernière fois n’est apparu qu’a posteriori.

Automobile et héraldique - Alfa Romeo

Commençons notre petit voyage automobile, en ne suivant d’autre hiérarchie que celle de l’ordre alphabétique, et pour cela traversons les Alpes pour retrouver la marque italienne Alfa Romeo. Cette société fondée en 1910 à Milan, sous le nom originel d’ALFA, acronyme de Anonima Lombarda Fabbrica Automobili utilise un logo héraldiquement lié à son nom et de son implantation géographique.

Alfa Romeo

En effet, dans un cercle bleu chargé du nom de la marque, sans caractère héraldique particulier autre que celui d’arborer la couleur de l’ancienne famille royale italienne, nous retrouvons en son centre, sous la forme d’un parti, à gauche une croix rouge sur fond blanc et à droite un serpent vert, surmonté d’une couronne rouge et avalant un personnage de même, sur un fond bleu clair.
Comme nous allons le voir, ce logo nous replonge dans l’héraldique médiévale et historique de Milan et de la Lombardie.

 Milan

Ainsi, la partie avec la croix reprend à l’identique les armes de la ville de Milan, dont le blasonnement est, depuis le Moyen-Age : d’argent, à la croix de gueules; quant à la partie avec le serpent, elle nous renvoie aux armes de la Lombardie, sur laquelle nous devons dire quelques mots supplémentaires. Depuis 1277 jusqu’à 1447, la famille Visconti règne d’abord avec le titre de Seigneur puis, après 1395 celui de Duc sur Milan, sur la ville même et par suite de conquêtes une bonne partie de la région milanaise, de la Lombardie.
Cette famille porte les fameuses armoiries au "biscione". En français, le blasonnement de ces armoiries est : d’argent, à la guivre d’azur, couronnée d’or et engoulant de gueules. La guivre, ou bisse (cf. sa traduction italienne "biscione") est une sorte de serpent fantastique, à tête de dragon, surmontée d’oreilles et souvent prolongée d’une crête, qui, dans sa version "Visconti", avale ("engoulant") un enfant. Les couleurs de ces armoiries, comme bien souvent en Italie, connaissent des variantes ; ainsi, la guivre peut aussi être représentée de sinople (vert), et l’enfant couleur chair.

Lombardie

Après l’extinction de la ligne régnante des Visconti et malgré une période politiquement agitée qu’il serait trop long de détailler ici, Francesco Sforza gendre de Philippe Marie, dernier Duc de Milan du nom de Visconti, reprend le titre ducal et par substitution à ses propres armoiries familiales, les armes à la guivre des Visconti . Par ce geste, ces armes si singulières se trouvent confirmées comme identitaires du Duché de Milan et par voie de conséquence de la Lombardie dans son entier, ce qui depuis cette date a toujours été confirmé, tant aux époques espagnole, qu’autrichienne, puis italienne de ce territoire.
Dès lors, Alfa Romeo ayant son siège et son origine à Milan, et son nom étant l’acronyme de la "Fabrique Lombarde d’Automobiles", la signification de son logo devient limpide.

Automobile et héraldique - Présentation

Découvrons que l’héraldique est aussi présente dans notre vie quotidienne, dans notre environnement habituel, dans notre univers de consommation moderne, de bruit et de fureur. Voyons en effet, la place qu’occupe l’héraldique dans ce monde si familier et si proche qu’est l’automobile.

Nous ne nous en rendons pas toujours compte, mais l’héraldique est présente de manière directe ou indirecte dans les sigles et logos de plusieurs marques automobiles. Pour cette nouvelle série d'articles, nous nous limiterons aux seules marques et logos automobiles encore existants de nos jours. Ce petit catalogue aurait pris une trop grande importance en l’étendant aux marques ou logos disparus, comme par exemple la marque anglaise Morris, qui utilisait comme logo les armes de la ville d’Oxford, lieu d’implantation de son usine historique, ou la marque américaine LaSalle, qui reprenait les armes familiales de René Robert Cavelier de La Salle, le grand découvreur et explorateur de la Louisiane française, ou encore l’ancien logo de Dodge, qui, dans les années 50’, reprenait presque à l’identique les armoiries de la famille éponyme.



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