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Provinces de France - Touraine

Le blasonnement des armoiries de Touraine est : d’azur, semé de fleurs de lys d’or, à la bordure componée d’argent et de gueules.
Ces armoiries sont celles portées par Philippe le Hardi (+1402), fils du Roi Jean II le Bon, lorsqu’en 1360 il reçoit le titre de Duc de Touraine. Comme nous l’avons précédemment vu, ce même Philippe deviendra Duc de Bourgogne quelques années plus tard, d’où l’identité des armes de Touraine avec celle dites de manière abusive de "Bourgogne moderne".
Au XIXe siècle et jusqu’à la première moitié du XXe, ces armes de Touraine aujourd’hui communément admises se voyaient souvent remplacées par d’autres, créées pratiquement ex-nihilo pour cette ancienne province. Leur blasonnement est : de gueules, au château d’argent, ouvert de sable, à la bordure componée d’argent et d’azur, les compons d’argent, chargés d’une croix de Jérusalem d’or, ceux d’azur, d’une fleur de lys d’or, surmontée d’un lambel de gueules.
Le château renvoie selon les uns aux nombreuses châtellenies que comptait la province, ou selon les autres à l’idée de "tours" que suggère le toponyme de cette province, toutes positions parfaitement discutables (1). Plus intéressants sont les compons de la bordure, en ce qu’ils renvoient aux armes de la première Maison capétienne d’Anjou. En effet, et sans rentrer dans les détails historiques, Charles Ier d’Anjou portait depuis 1277, des armes parties de France au lambel de gueules et de Jérusalem. Seulement voila, si sur le plan héraldique cet usage est intéressant, sur le plan historique il n’a pas grand sens pour le sujet qui nous occupe ici. Certes, la Touraine a appartenue aux Comtes d’Anjou, mais c’était à l’époque des Plantagenêts, donc avant la conquête française et le rattachement au domaine royal (2). Lorsque le Comté d’Anjou est attribué en apanage à Charles Ier, la Touraine demeure dans le domaine royal, et ce n’est pas parce que depuis la Révolution le département d’Indre-et-Loire, cœur de l’ancienne province tourangelle, compte dans sa frange occidentale, des territoires historiquement angevins, que cela change les choses. En effet, les provinces, à l’inverse des régions ou des départements, s’analysent dans une perspective historique et non administrative, ce rattachement ne modifie donc pas les frontières des deux anciennes provinces. En conséquence, si pour d’autres cas que nous avons rencontrés, l’usage d’armoiries alternatives à celles communément admises peut trouver une légitime justification, dans le cas présent, c’est, de notre point de vue, à bon droit que ces secondes armoiries sont aujourd’hui généralement abandonnées.
Touraine

Touraine (variante)

Provinces de France - Savoie

Le blasonnement des armoiries de Savoie est : de gueules, à la croix d’argent.
Sur le plan géographique elle recouvre les actuels départements de Savoie et Haute-Savoie. Rattachée définitivement à la France en 1860, après il est vrai une longue succession de périodes d’occupation française, la Savoie correspond à l’ancien Duché éponyme. Même si celui-ci est le noyau originel de l’Italie unifiée moderne et que son rattachement à la France n’a lieu qu’à une époque où administrativement parlant les provinces n’existent plus, il va de soit qu’il aurait été absurde de l’omettre de ce rapide tour de France.
Sous la forme de la fameuse croix, les armes de Savoie, correspondent à l’identique à celles adoptées par ses anciens souverains, depuis le Comte Thomas Ier (+1233) (1). Avant cette époque, les Comtes de Savoie, probablement en conséquence de leur position de Vicaire impérial en Lombardie (2), portaient "d’or, à l’aigle de sable", correspondant aux armes du Saint Empire lui-même. Ces dernières, parfois appelées "Savoie ancien" sont de nos jours toujours présentent comme un élément des armes de la Maurienne, vallée bien connue des skieurs et l’une des composantes historiques du Duché de Savoie.
Savoie ancien

Savoie moderne

Provinces de France - Saintonge

Le blasonnement des armoiries de Saintonge est : d’azur, à la mitre d’argent, accompagnée de trois fleurs de lys d’or.
Cette province qui recouvrait l’essentiel de l’actuel département de Charente-Maritime, complété par des portions de ceux de Charente, des Deux-Sèvres et même marginalement de Vendée, est étroitement associée à l’histoire du Diocèse de Saintes. La mitre figurant sur ses armoiries est une référence directe à ce siège épiscopal, et tout particulièrement à Saint Eutrope son fondateur et premier Evêque.
Cette référence ecclésiastique nous rappelle également que cette province n’a jamais eu de titulaire temporel particulier et unique. En effet, de par sa situation elle fut longtemps disputée entre la mouvance anglo-aquitaine dont elle dépendait originellement en tant que simple partie du Duché d’Aquitaine, et la mouvance capétienne s’étendant vers le sud et l’ouest à la faveur du conflit avec les Rois d’Angleterre. Ainsi, la Basse-Saintonge, sa partie septentrionale, est rattachée au Royaume de France en 1259, puis la Haute-Saintonge, sa partie méridionale, est à son tour conquise par Du Guesclin en 1371.
Saintonge

Provinces de France - Roussillon

Le blasonnement des armoiries du Roussillon est : d’or, à quatre pals de gueules.
A l’inverse de l’énigme produite par ces mêmes quatre pals en Provence, en Roussillon, l’origine aragonaise de ces armes ne fait aucun doute. En effet, le Roussillon, occupant l’essentiel de l’actuel département des Pyrénées-Orientales, forme cette majeure partie de la Catalogne française que le traité des Pyrénées de 1659 a définitivement détaché du Royaume d’Aragon.
Attention, on trouve chez certains auteurs anciens des armes toutes différentes pour cette province du Roussillon, à savoir un "échiqueté d’argent et d’azur" avec ou sans bordure de gueules. Il ne s’agit en aucune manière d’une variante, d’une "version française" des armes de cet ancien Comté aragonais, mais bien simplement d’une erreur, consécutive à une homonymie. En effet, ces armes échiquetées renvoient en réalité à la ville et ancienne Seigneurie de Roussillon en Isère, et non à la province qui nous occupe ici, la confusion des armoiries n’a donc pas lieu d’être.
Roussillon

Provinces de France - Provence

Le blasonnement des armoiries de Provence est : d’azur, à la fleur de lys d’or, surmontée d’un lambel de gueules.
Ces armes, bien que remontant sous cette forme au XVIIIe siècle, présentent d’une certaine manière toutes les caractéristiques d’un logo moderne. En effet, celles-ci sont la version simplifiée au lambel et à une seule fleur de lys des armes des Ducs d’Anjou capétiens, qui à partir de Charles Ier, un autre frère de Saint Louis, deviennent Comtes de Provence en 1245 (1). Par la suite, cette accession permettra en 1481 à Louis XI, grâce il est vrai à une argutie juridique relevant plus de la manœuvre que du simple exercice d’un droit légitime de proclamer le rattachement de la Provence à la France.
Sous cette forme simplifiée, et c’est ici que le caractère avant-gardiste du dessin énoncé plus tôt prend tout son intérêt, elles figuraient déjà dans les armes du jeune Comte de Provence, petit-fils de Louis XV, et futur Roi Louis XVIII.
A côté de ces armes, qui de notre point de vue sont les véritables armes de Provence, de secondes sont depuis une trentaine d’années fortement mises en avant. Si les motivations politiques de ce mouvement sont évidentes et peuvent bien sur en tant que telles être discutées, il nous appartient tout de même, sans entrer dans cette polémique, de les présenter et surtout d’en expliquer l’origine. Le blasonnement de ces "autres" armes de Provence est : d’or, à quatre pals de gueules.
Il s’agit de celles que portaient les Rois d’Aragon, sortis des Comtes de Barcelone, qui de 1112 à 1245 régnèrent également sur la Provence.
Ces armoiries, qui de nos jours sont toujours celles du Royaume d’Aragon et figurent en tant que telles dans les armes du Royaume d’Espagne, sont intimement associées à une époque antérieure au rattachement de la Provence non seulement à la France, mais aussi même à la dynastie capétienne. Pour autant, faut-il les considérer comme étant nécessairement associées à la dynastie catalane ? Rien n’est moins sur !
En effet, nous devons ici exposer une énigme héraldique, qui disons le tout de suite n’a pas à ce jour de réponse certaine. A l’origine de cette énigme, nous trouvons les armoiries du Comté de Gévaudan, correspondant peu ou prou à l’actuel département de la Lozère, dont le blasonnement est lui aussi "d’or, à quatre pals de gueules". Suite à son mariage avec Gerberge, héritière du Comté de Provence, Gilbert, Vicomte de Millau et Comte de Gévaudan, permet à sa fille Douce de Gévaudan de devenir Comtesse de Provence. Comme, à son tour, Douce épouse en 1112, le Comte Raymond Bérenger Ier de Barcelone, apportant ainsi le Comté de Provence à la dynastie catalane, il est permis de penser qu’à cette même occasion, les Comtes de Barcelone aient également trouvé les armes aux quatre pals dans la corbeille de mariage. Seulement voila, la chose n’est pas aussi simple, car par cette union, Douce n’apporta pas seulement le Comté de Provence, mais aussi le Comté de Gévaudan. Hors, comme nous ne disposons pas d’informations héraldiques indiscutables de cette époque (2), qui permettraient de savoir précisément à partir de quand tant les Comtes de Gévaudan que les Comtes de Barcelone ont adopté les armes aux quatre pals, rien ne nous dit qu’en réalité les Comtes de Barcelone n’ont pas à l’occasion de cette union apporté leurs armoiries à la fois au Gévaudan et à la Provence… Bref, sans éléments de preuve définitifs, nous en restons au problème de l’œuf et de la poule, que nous ne prétendrons pas trancher ici.
Provence (Anjou)

Provence (Aragon)


Provinces de France - Picardie

Le blasonnement des armoiries de Picardie est : écartelé : 1 et 4, d’azur, à trois fleurs de lys d’or ; 2 et 3, d’argent, à trois lions de gueules.
Les armoiries picardes sont une création ex nihilo du XVIIe siècle, il faut dire que la province n’a jamais eu d’unique dignitaire, mais au contraire a été divisée en différents Comtés dès le Haut-Moyen-Age, chacun ayant historiquement ses propres armoiries. Les principaux d’entre eux étaient le Ponthieu, l’Amiénois, le Vermandois, le Boulonnais, le Soissonnais et le Santerre, de sorte que le territoire de l’ancienne province ne correspond que partiellement à celui de l’actuelle région éponyme, cette dernière étant décalée vers le sud. En effet, le sud de l’actuel département de l’Oise appartenait à la province d’Ile-de-France, celui du département de l’Aisne à la Champagne, tandis qu’à l’inverse, au nord, la province picarde remontait sur la côte boulonnaise située aujourd’hui dans le département du Pas-de-Calais.
Picardie

Provinces de France - Poitou

Le blasonnement des armoiries du Poitou est : de gueules, à cinq châteaux d’or, posés en sautoir
Aves les origines de ces armoiries, nous voici de retour auprès des frères de Saint Louis, et ici plus exactement avec Alphonse (+1271), Comte de Poitiers (Poitou) et de Toulouse. En tant que cadet il brisait, comme nous le savons, les armes paternelles. En l’occurrence et comme l’on fait ses frères, il va adopter une brisure faisant référence aux armes de sa mère la fameuse Blanche de Castille. Alors que son frère Robert, Comte d’Artois chargeait un lambel des châteaux castillans et que son autre frère Charles, Comte d’Anjou, chargeait une bordure de ces mêmes châteaux, Alphonse opta pour des armes combinant les armes paternelles, d’azur, semé de fleurs de lys d’or, avec un parti de gueules, semé de châteaux castillans.
Par dérivation et assimilation, il fut ultérieurement considéré que le semé castillan, bientôt réduit pour des questions de simplification graphique, à cinq châteaux posés en sautoir, pouvait parfaitement représenter les armes de la province : le Poitou avait ses armoiries.
Poitou

Provinces de France - Orléanais

Le blasonnement des armoiries de l’Orléanais est : d’azur, à trois fleurs de lys d’or, surmontées d’un lambel d’argent.
Ces armoiries reprennent simplement les armes de France qu’elles brisent d’un lambel d’argent. Au cours de l’histoire, l’Orléanais, dont le rattachement au domaine royal remonte ni plus ni moins qu’au règne d’Hugues Capet, fut sous le titre d’un Duché d’Orléans, accordé en apanage aux frères ou fils cadets de nombreux Rois de France, depuis Philippe de Valois (+1375), frère du Roi Jean II le Bon jusqu’à Philippe de Bourbon (+1701), frère du Roi Louis XIV et auteur de l’actuelle Maison des Princes d’Orléans. En tant que Duc d’Orléans, tous reçurent des armoiries de France brisées d’un lambel (1), c’est donc fort logiquement, que depuis environ cinq siècles de telles armes représentent l’Orléanais.
Orléanais


Provinces de France - Normandie

Le blasonnement des armoiries de Normandie est : de gueules, à deux léopards d’or, armés et lampassés d’azur.
Ces armoiries reprennent à l’identique celles des anciens Ducs de Normandie, et comptent à ce titre, parmi les plus anciennes de France. En effet, sous cette forme, où une forme quasi-similaire (1), nous pouvons les faire remonter à au moins Henri II Plantagenet (+1189), Duc de Normandie, mais aussi Comte d’Anjou et bien entendu Roi d’Angleterre.
Quelques auteurs normands contemporains estiment que l’on devrait ajouter un troisième léopard sur ces armes, rappelant que depuis Jean sans Terre (+1204), les Ducs de Normandie et alors également Rois d’Angleterre, arboraient de telles armoiries. C’est sans doute parce que ces armes aux trois léopards, sont aujourd’hui toujours celles de l’Angleterre, qu’il nous semble difficile de les suivre sur ce terrain, d’autant, et c’est une occasion de le rappeler à ce point de notre tour de France des anciennes provinces, que les armoiries attribuées à celles-ci, certes s’ancrent toujours dans l’histoire, mais sont aussi le résultat de choix pouvant apparaître comme parfois arbitraires ou à tout le moins peu argumentés, mais presque toujours fortement identitaires.

Normandie

Normandie (Angleterre)


Provinces de France - Nivernais

Le blasonnement des armoiries du Nivernais est : bandé d’or et d’azur, à la bordure engrêlée de gueules.
Le Nivernais couvre pour l’essentiel l’actuel département de la Nièvre. Les armoiries qu’on lui attribue de nos jours le plus souvent doivent évoquer au lecteur attentif une certaine parenté visuelle avec celles dites de Bourgogne ancien. En effet, suite à son mariage en 1247 avec Mathilde de Bourbon, Comtesse de Nevers, d’Auxerre et Tonnerre, le Nivernais échut à Eudes, fils aîné du Duc Hugues IV de Bourgogne. Bien qu’aîné, Eudes étant décédé avant son père ne porta que des armes modifiées d’une brisure. Les auteurs traditionnels avaient identifié la bordure engrêlée comme étant sa brisure, tandis que les auteurs modernes pensent qu’il s’agissait plutôt d’une bordure dentelée (1), toujours est-il que c’est la première qui est restées aux armes traditionnelles du Nivernais.
Nous disons "armes traditionnelles du Nivernais", mais le lecteur doit savoir que deux autres armoiries, dont une soutenue par une forte pratique, sont également attribuées à cette province. Les premières, et les plus communes, sont la reprise des armes des premiers Comtes de Nevers, Auxerre et Tonnerre, avant leur extinction en 1193 et la transmission de leur héritage dans la Maison de Courtenay. Le blasonnement de ces armes est : d’azur, semé de billettes d’or, au lion du même, armé et lampassé de gueules, brochant sur-le-tout. Comme le lecteur pourra le constater celle-ci reprennent à l’identique celles de la Franche-Comté, pour la simple et bonne raison que ces Comtes sortaient par mariage de l’ancienne Maison des Comtes Palatins de Bourgogne, dont ils étaient par ailleurs historiquement vassaux. De nos jours ces armes sont toujours portées par la ville de Nevers elle-même, tandis que pour le Nivernais, pour éviter une évidente confusion avec la Franche-Comté, leur usage reste en retrait.
Les secondes sont la reprise des armes dites de "Bourgogne moderne". Ce choix s’explique par la possession du Nivernais par les Ducs de Bourgogne de la seconde maison capétienne, depuis Philippe II le Hardi. Leur blasonnement est : d’azur, semé de fleurs de lys d’or (que l’on trouve également sous une forme limitée à seulement trois fleurs de lys d’or), à la bordure componée d’argent et de gueules. Leur usage au titre seul du Nivernais est plus rare, puisque comme nous le verrons, ces mêmes armes sont depuis longtemps traditionnellement attribuées à la province de Touraine, pour autant nous nous devions de les rappeler dans ce rapide panorama.
Nivernais (traditionnel)

Nivernais (Nevers)

Nivernais (variante)


Provinces de France - Marche

Le blasonnement des armoiries de la Marche est : d’azur, semé de fleurs de lys d’or, à la bande de gueules, chargée de trois lions d’argent, brochante sur-le-tout.
La Marche, qui occupe l’actuel département de la Creuse plus quelques territoires de la Vienne et de la Haute-Vienne reprend les armes des Comtes de La Marche issus de la Maison de Bourbon. Le premier d’entre eux, Jacques Ier de Bourbon, Comte de la Marche en 1342, était un cadet du Duc Louis Ier de Bourbon lequel avait notamment reçu ce Comté en apanage du Roi de France. Pour cette raison, il reprenait les armes paternelles, d’azur, semé de fleurs de lys d’or, à la bande de gueules, brochante sur-le-tout, qu’il différenciait en ajoutant trois lions en brisure. Ces trois lions sont une référence soit aux armes de sa mère, Marie d’Avesnes, fille de Jean II Comte de Hainaut, qui arborait pas moins de quatre lions sur ses armes, soit aux six lions portés sur les armes des Comtes de la Marche de la Maison de Lusignan, depuis Hugues XI (+1250), qui possédèrent le Comté jusqu’à sa vente au Roi de France en 1309.
Marche

Provinces de France - Maine

Le blasonnement des armoiries du Maine est : d’azur, semé de fleurs de lys d’or, à la bordure de gueules, chargée au franc-quartier d’un lion d’argent.
Le Maine dont l’histoire a souvent été associée à celle de son voisin l’Anjou, recouvre approximativement les actuels départements de la Sarthe et de la Mayenne. On lui attribue habituellement pour armoiries celles qu’arboraient Charles d’Anjou, Comte du Maine de 1434 à 1472. Sur un plan technique, elles font appel à une double brisure. Les armes de base, le semé de fleurs de lys sur champ d’azur, sont celles des Rois de France et la bordure de gueules, qui est ici la première brisure, est caractéristique de la seconde Maison capétienne d’Anjou. Charles, fils du Duc Louis II d’Anjou avait reçu en apanage le Comté du Maine, détaché des possessions paternelles. Etant le benjamin des futurs Ducs Louis III et René Ier il surbrisait ses armoiries en ajoutant un lion d’argent au franc-quartier. Le choix de ce lion, qui cette fois n’est pas une référence aux armes maternelles , a longtemps été discuté. Il est possible qu’il renvoie aux lions arborés dans les armes des anciens Ducs d’Anjou de la Maison de Plantagenet, où que tout simplement il ne soit qu’un choix individuel de Charles.
Maine


Provinces de France - Lyonnais

Le blasonnement des armoiries du Lyonnais est : de gueules, au lion d’argent, au chef d’azur, chargé de trois fleurs de lys d’or.
Ces armoiries sont celles de la ville de Lyon. Vers le XIIe siècle, les Comtes royaux de Lyon, la ville relève alors du Saint-Empire, portent des armes au lion. Les couleurs généralement attribuées alors sont celles toujours en usage aujourd’hui, soit un lion d’argent sur champ de gueules, même si certains auteurs parlent aussi d’un lion de sable sur champ d’or. Dans le courant du XIIe siècle (la date de 1183 est notamment citée) les Archevêques de Lyon s’approprient graduellement les pouvoirs des Comtes, avant à leur tour de se voir contester, quelques décennies plus tard ce pouvoir par des revendications communales au sein de la riche bourgeoisie lyonnaise. Celle-ci réclame alors l’affranchissement communal sous les couleurs des anciens Comtes, libertés qu’elle obtient finalement au début du XIVe siècle, au même moment que le Lyonnais passe dans la mouvance française. Le chef aux armes de France est une concession royale accordée, probablement en 1320, à Lyon au titre de "bonne ville" venant alors compléter les armes communales.
Sur le plan héraldique, il faut noter que s’il est possible que nous soyons en présence d’armes parlantes, sur le plan de la toponymie, il n’y a en réalité aucun rapport entre "Lyon" et le "lion". En effet, on peut se souvenir que le toponyme Lyon dérive du nom latin de la ville "Lugdunum" lui-même composé de "lux" (la lumière) (1) et "dunum" (la colline).
Lyonnais


Provinces de France - Lorraine

Le blasonnement des armoiries de Lorraine est : d'or, à la bande de gueules, chargée de trois alérions d'agent.
Ces élégantes armoiries reprenant à l’identique celles de l’ancien Duché de Lorraine appellent une explication tant historique que technique.
Sur le plan technique, les oiseaux figurant sur la bande sont des "alérions". Particulièrement emblématiques de la Lorraine, dont certains s’amusent à noter qu’ils en sont presque l’anagramme, il s’agit d’aiglons, représentés sans becs ni pattes.
Sur le plan historique, comme souvent, il existe de ces armoiries, une origine légendaire et une origine plus étayée par les faits. L’origine légendaire veut que Godefroy de Bouillon, Duc de Basse-Lorraine et leader de la première croisade, ait au cours du siège de Jérusalem tués d’une seule flèche trois aigles d’un coup, et qu’en mémoire de cet exploit les Ducs de Lorraine ait placé ces trois oiseaux sur leurs armoiries. Nous laisserons à la légende, aussi belle soit elle, la place qui est la sienne, car hors le fait que le Duché de Lorraine correspondait à l’ancienne Haute-Lorraine et non à la Basse-Lorraine de Godefroy de Bouillon (*), et qu’en conséquence les Ducs de Lorraine n’avaient pas de parenté particulière avec Godefroy, l’origine historique de ces armoiries nous renvoie plutôt à un usage de la brisure.
En effet, depuis 1047 et la révolte de Godefroy le Barbu, le Duché de Lorraine est aux mains de la Maison d’Alsace, descendants des Comtes de Metz. Depuis une date indéterminée, probablement les origines de l’héraldique au début du XIIe siècle, ceux-ci portaient des armoiries d’or, à la bande de gueules. En 1205 toutefois, le Duc Simon II abdique pour se retirer dans un monastère. N’ayant pas d’enfant survivant, c’est son frère Ferry (Frédéric) Ier qui lui succède (**). Les armoiries aux alérions étant attestées depuis ce Duc, il est donc probable qu’ils étaient sa brisure de cadet. On peut supposer que cette brisure, à l’origine sans doute de simples aigles, étaient une référence à l’aigle des armes impériales de sa mère, Judith (alias Berthe) de Hohenstaufen et surtout de son oncle l’Empereur Frédéric Ier Barberousse, dont il portait d’ailleurs le prénom.
Lorraine


Provinces de France - Limousin

Le blasonnement des armoiries du Limousin est : d’hermine, à la bordure de gueules.
Le lecteur attentif, ou tout simplement l’amateur supposera immédiatement la parenté qu’il peut exister entre les armoiries du Limousin et celles de la Bretagne. Au contraire d’autres similitudes visuelles que l’on trouve régulièrement en héraldique, celle-ci n’est pas un « faux-ami », mais trouve bien son origine dans une parenté historique. Ainsi en 1275, Arthur de Dreux, futur Duc Arthur II de Bretagne, épouse Marie de Comborn, héritière et Vicomtesse de Limoges. A la mort de celle-ci en 1290, son fils, le futur Duc Jean III de Bretagne, devient, sous la tutelle de son père, le nouveau Vicomte de Limoges, entérinant ainsi l’entrée du Limousin dans la famille ducale de Bretagne. Puis en 1314, Jean III, devenu Duc de Bretagne cède à son frère cadet Guy, déjà Comte de Penthièvre, la Vicomté de Limoges. Ici se situe l’explication des armoiries limousines. Tout d’abord, rappelons-nous qu’en 1316, les Ducs de Bretagne adoptent pour armes l’hermine plaine, et d’autre part, Guy étant un cadet, ajoutait une brisure aux armoiries familiales, en l’occurrence une bordure de gueules, laissant ainsi en héritage ses armoiries bretonnes brisées d’une bordure au Limousin.
Pour être complet sur le sujet, deux autres armoiries sont aussi attribuées à la province du Limousin. Ces armoiries sont soit "coticé (10) d’or et de gueules", soit "d’or, à trois lions d’azur". Les armes coticées reprennent celles de la Maison de Comborn-Turenne, à laquelle appartenait Marie de Comborn, qui précéda la Maison de Dreux-Bretagne dans la Vicomté de Limoges, tandis que celles aux lions appartenaient à la première maison des Vicomtes de Limoges, qui, jusqu’en 1114, précéda celle de Comborn. Nous ne prétendrons pas régler le sujet dans le présent article, et nous contenterons simplement d’exposer ces variantes en constatant que les armoiries à l’hermine sont celles usitées historiquement pour la province, raison pour laquelle nous les avons privilégiées.
Limousin

Limousin (Vicomtes de Limoges)

Limousin (Comborn-Turenne)

Provinces de France - Languedoc

Le blasonnement des armoiries du Languedoc est : de gueules, à la croix de Toulouse d’or.
Les armoiries du Languedoc reprennent à l’identique celles des anciens Comtes de Toulouse. La croix y figurant est tellement caractéristique qu’en langage héraldique courant elle s’appelle "Croix de Toulouse". Sur le plan de la technique, cette croix se décrit ainsi : croix cléchée (terme qui renvoie à la forme extérieure spécifique de cette croix à douze pointes et aux branches arrondies), vidée (seuls les bords sont représentés, laissant apparaître au milieu de la croix le champ de l’écusson) et pommetée (en référence aux boules ornant les douze pointes de la croix).
Languedoc

Provinces de France - Ile-de-France

Le blasonnement des armoiries d’Ile-de-France est : d’azur, à trois fleurs de lys d’or.
Sur le plan historique, nous pourrions dire que l’Ile-de-France, c’est la France. Cette assertion un peu brutale et provocatrice, nécessite bien évidemment quelques lignes d’explications. Couvrant grossièrement non seulement l’actuelle région d’Ile-de-France, exclusion faite de la Brie champenoise, partie nord de l’actuelle Seine-et-Marne, l’ancienne province d’Ile-de-France s’étendait aussi un peu plus à l’ouest et surtout allait au nord jusqu’à Beauvais, Noyon, Soissons et Laon. A l’origine de ce territoire se trouve le Duché de France. Ce Duché de l’Empire Carolingien centré sur Paris s’émancipa progressivement de la tutelle impériale, au fur et à mesure de l’effondrement de la puissance carolingienne. Ainsi, Hugues Capet, Duc des Francs (Dux Francorum) depuis 960, parvient en 987, à la mort du carolingien Louis V, Roi des Francs ("Roi de Francie" ou "Roi de Francie occidentale") à évincer la dynastie carolingienne de la succession et à se faire élire nouveau Roi des Francs. Dès lors, le Duché de France devient après 987 le nouveau domaine royal, qui en conséquence des conquêtes, soumissions ou vassalisations de nouveaux territoires, combinées à une forte politique centralisatrice, sera le cœur de la nouvelle zone d’influence des Rois de France capétiens.
Ce n’est qu’à partir du XIVe siècle, alors que le Royaume de France à déjà pris une certaine importance, que la province d’Ile-de-France va progressivement acquérir sa propre identité politique, distincte de celle du Royaume lui-même, pour former, au XVe siècle, une province au sens administratif du terme.
L’origine même du nom "Ile-de-France", bien évidemment cette zone se situe en plein milieu des terres, est discutée, toutefois, deux grandes hypothèses sont principalement avancées. La plus traditionnelle s’appuie sur des critères géographiques et estime que la zone délimitée par la Seine, l’Oise et la Marne forme comme une île au milieu des terres. La seconde, plus récente et qui de notre point de vue semble plus pertinente, s’appuie sur des critères linguistiques et voit une origine franque, sans doute à travers le patois picard, dans ce nom, par altération de l’expression "Liddle Franke" signifiant "Petite Francie".
Sur un plan héraldique, les armoiries avec seulement trois fleurs de lys n’apparaissent qu’en 1376, suite à une décision du Roi Charles V, alors que jusque là les armoiries du Royaume de France, et par voie de conséquence de la future province, comportaient un semé de fleurs de lys d’or sur champ d’azur. Ces armoiries, appelées de nos jours "France ancien" se rencontrent encore pour représenter la France ou l’Ile-de-France.
Ile-de-France - France ancien

Ile-de-France - France moderne

Provinces de France - Guyenne

Le blasonnement des armoiries de Guyenne est : de gueules, au léopard d’or, armé et lampassé d’azur.
La Guyenne qui couvre approximativement la partie septentrionale de l’ancien Duché d’Aquitaine, la Gascogne, comme nous l'avons vu, occupant la partie méridionale, reprend les armes des derniers Ducs d’Aquitaine, dont par ailleurs dérive son nom. En effet, le nom "Guyenne" n’apparaît sous cette forme qu’au XIVe siècle. Il est né de la déformation progressive du nom "Aquitaine", sans doute sous l’influence de l’anglais, avec pour intermédiaire principal "Aguiaine" en usage courant aux XIIe et XIIIe siècles. Passée à la couronne anglaise après le fameux remariage, en 1152, d’Aliénor, fille et héritière de Guillaume X, dernier Duc d’Aquitaine, la Guyenne n’entre définitivement dans la mouvance française qu’en 1453 après la bataille de Castillon.
Guyenne

Provinces de France - Gascogne

Le blasonnement des armoiries de Gascogne est : écartelé : 1 et 4, d’azur, au lion d’argent ; 2 et 3, de gueules, à la gerbe d’or, liée d’azur.
Les armoiries de Gascogne sont certainement l’archétype d’armes créées ex nihilo, de manière totalement déconnectée de l’histoire. En effet, elles furent attribuées à l’occasion de la constitution de l’Armorial Général, pour une province qui si elle existait encore, et existe toujours, sur le plan culturel, n’avait plus de réalité politique unitaire depuis son démantèlement de 1063. En effet, le Duché de Gascogne, qui occupait grossièrement la partie méridionale de l’Aquitaine, ayant disparu en tant qu’entité politique avant l’apparition de l’héraldique, aucunes armoiries historiques n’existaient, au contraire bien évidemment de la douzaine de provinces, seigneuries ou pays principaux nés de son démantèlement (*).
Sans réapparaître sur le plan politique stricto sensu, il faut attendre le début du XVIIIe siècle, pour qu’une Gascogne presque unitaire renaisse sur un plan administratif avec la création de la Généralité d’Auch en 1719.
Gascogne


Provinces de France - Franche-Comté

Le blasonnement des armoiries de Franche-Comté est : d’azur, semé de billettes d’or, au lion du même, armé, et lampassé de gueules, brochant sur-le-tout.
Ces armoiries sont celles des anciens Comtes Palatins de Bourgogne depuis Othon IV, Comte de Bourgogne vers 1279, tandis que ses prédécesseurs, tout au moins ceux de la maison d’Andechs-Méranie, portaient pour armoiries "de gueules, à l’aigle d’argent".
Jusqu’alors située dans la mouvance de l’Empire, le Comté de Bourgogne intègre le Royaume de France en 1678 par le traité de Nimègue. A cette occasion de nouvelles armes lui furent attribuées d’office, à savoir écartelé 1 et 4, de sable, à la fasce d’or ; 2 et 3, d’or, au pal de sable, cependant, ces armoiries totalement déconnectées de l’histoire comtoise ne furent jamais utilisées, les très belles armes au lion poursuivant fort heureusement leur représentation de la nouvelle province.
Comté de Bourgogne ancien

Franche-Comté - Comté de Bourgogne

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