Bien que son dessin soit mondialement célèbre, les origines du "Cavallino Rampante" de Ferrari sont rarement connues du public, y compris même des plus passionnés de la marque italienne. Bien entendu, puisque nous en parlons ici, c’est vers l’héraldique qu’il va falloir nous tourner pour trouver les origines de ce cheval cabré, mais comme nous allons le découvrir, si l’origine est avérée et certaine, pour les détails de la genèse, l’histoire va probablement côtoyer la légende.
Pour comprendre ce cheminement, nous devons raconter, succinctement rassurez-vous, l’histoire de deux hommes. L’un est bien évidemment Enzo Ferrari, fondateur charismatique de la célèbre marque automobile, l’autre, sans doute moins connu aujourd’hui, mais qui en Italie a été une véritable légende, est Francesco Baracca.
Commençons par ce dernier. Pour dire les choses simplement, Francesco Baracca était le Guynemer ou le von Richthofen italien. Premier, par le nombre de victoires, des "As" italiens de la Grande Guerre, il fut l’objet en Italie d’un véritable culte, et lorsqu’en 1918, à la bataille de Piave, son avion est abattu par l’armée austro-hongroise, sa mort provoque dans la péninsule la même émotion que celle qui traversa la France à la mort de Guynemer ou l’Allemagne à la mort du "Baron Rouge" von Richthofen.
Baracca avait peint sur son avion, un cheval cabré rouge comme emblème personnel. Celui-ci était directement tiré des armes de sa famille, dont le blasonnement était : d’argent, au cheval cabré de gueules, surmonté d’une étoile du même ; au chef d’or, chargé d’une aigle de l’Empire de sable .
Après sa mort, l’emblème est repris par son escadrille, en noir cette fois, comme signe de deuil, et c’est ce même cheval noir qui figurera dans les armes accordées, en 1927, à son fils, en même temps que le titre de Comte, avec pour blasonnement : d’argent, au cheval cabré de sable, au chef d’azur, chargé de trois étoiles (6) d’or.
Dans les années 20’, Enzo Ferrari est un pilote automobile célèbre. Son palmarès n’atteint pas celui de la star italienne de l’époque, Antonio Ascari, mais il figure tout de même parmi les meilleurs du plateau. En 1923, il accole sur la carrosserie de sa voiture le cheval cabré noir de Baracca*, selon la légende, après que la mère de ce dernier, la Comtesse Biancoli, lui ait accordé ce privilège**. Ferrari plaça par la suite le cheval sur un fond jaune en hommage aux armes de Modène, sa ville d’origine, dont le blasonnement est : d’or, à la croix d’azur. Puis, lorsque le pilote devient dans les années 30’ avec sa Scuderia Ferrari, directeur sportif et préparateur de voitures de courses pour Alfa Romeo, il reprend pour l’écurie qui porte son nom cet insigne (surmonté du tricolore italien), insigne qu’il conservera lorsqu’en 1947, il devient constructeur automobile à part entière.
* Certains avancent que l’usage de ce cheval rouge était la conséquence de ses origines d’officier de cavalerie, son insigne étant la reprise en couleurs inversées de l’écusson du 2e régiment italien de cavalerie "Piemonte Reale Cavalleria". D’autres, pensent qu’il s’agit en fait d’un trophée, ce dessin figurant à l’origine sur la carlingue d’un avion allemand ou austro-hongrois abattu par lui. Sans être définitivement affirmatif, nous ne voyons pas la nécessité d’aller rechercher ces origines alambiquées, alors que celle que nous privilégions ici semble à la fois plus simple et plus évidente.
** Si la revendication ne fait aucun doute, la réalité formelle de cette concession est en revanche plus incertaine, il est fort possible qu’Enzo Ferrari se soit approprié, de sa propre initiative, le cheval de Baracca.
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